Vendre après la mort : ce que l’existentialisme cher à Mathieu et l’immobilier nous disent de la vie
Camus, Sartre, et les clés d’un appartement à transmettre
Il y a des ventes qui ne ressemblent pas aux autres. Pas parce que l’appartement est exceptionnel ou que la terrasse donne sur les toits dorés de Versailles, mais parce que la vie, cette fois, a changé de ton.
Sébastien, notre ami, qui nous a confié cette vente n’est pas un client comme les autres. Il est ancien croque-mort, un homme de l’ombre, de ceux qui savent que les silences en disent souvent plus que les paroles, que le poids d’une clé confiée après un décès est très différent de celui d’une clef remise pour cause de mutation professionnelle.
La mort, il la connaît bien. Et c’est sans doute pour cela que, paradoxalement, il parle si bien de la vie. Avec un humour discret, une élégance dans le regard, et cette manière d’évoquer la disparue non pas comme une absence, mais comme une présence à prolonger.
Alors oui, ce mandat à Versailles, transmis par Sébastien et Valérie, nous touche autrement. Il nous rappelle que la mort n’est pas la fin du lien. C’est peut-être même, parfois, son point d’ancrage le plus fort.
C’est là que Sartre et Camus entrent dans la pièce. Avec leurs doutes, leur liberté, leur besoin d’agir dans l’absurde. L’existentialisme, cette pensée née dans les tourments du XXe siècle, affirme que la mort donne son poids à la vie, que c’est parce que tout s’arrête que tout a du sens. Que posséder un lieu, le transmettre, l’aimer, n’a de valeur que parce que tout cela est fragile. C’est une philosophie que nous portons, peut-être sans le dire, dans notre manière d’accompagner ces moments de transition. Et pour Mathieu, pour qui l'existentialisme est une pensée chère et structurante, c’est une évidence que ce lien entre immobilier et existence est aussi philosophique qu’humain.
Nous, agents immobiliers, touchons cela du doigt chaque semaine. Nous rencontrons des enfants qui doivent se séparer de la maison où ils ont grandi, des conjoints qui ferment une porte pour mieux rouvrir la leur, des fratries qui réapprennent à échanger autour d’un bien hérité, devenu enjeu et symbole.
Et si l’on regarde bien, l’immobilier, dans ces moments-là, n’est plus une affaire de mètres carrés. C’est une affaire d’histoires, de traces, de transmissions. Un art de rendre hommage en passant le relais.
Quand les successions nous parlent d’amour, de mémoire… et d’avenir
Chez Les Cercles, notre agence immobilière installée au Vésinet, nous savons combien les successions représentent une part importante des ventes. Et combien elles nous demandent d’autres qualités que celles prévues dans les fiches métier.
Il ne s’agit pas simplement de vendre. Il s’agit d’écouter. D’accueillir une histoire. Parfois de la découvrir en même temps que les héritiers. Il y a les albums photos oubliés dans une armoire, les listes manuscrites, les rideaux faits main par une grand-mère, la table trop grande pour les temps modernes. Et il y a l’émotion, palpable, parfois muette, qui circule dans l’air comme un courant d’hiver.
La mort rend le rôle de l’agent immobilier plus sensible, mais aussi plus essentiel. Car il faut traduire l’intime en projet, faire passer le témoin sans trahir la mémoire. Et puis il y a des surprises. Des moments de joie sincère. L’acheteur qui tombe amoureux du parquet ancien. Le jardin qui retrouve des cris d’enfants. La cuisine où l’on refera mijoter quelque chose d’entier, de vivant.
C’est peut-être cela, notre métier, au fond : travailler avec la matière même de l’existence. À la croisée des commencements et des fins. Avec discrétion, mais sans jamais banaliser. Avec humour, parfois, parce que le tragique peut se sourire. Et toujours avec cette conviction que les lieux ont une mémoire, et que notre rôle est de les faire vivre encore, autrement.
Vendre après la mort, ce n’est pas clore. C’est prolonger autrement. C’est témoigner, traduire, transmettre. Et dans cet art discret, il y a quelque chose qui relève, peut-être, de la plus belle manière d’habiter le monde.
Agence immobilière Le Vésinet – Les Cercles
Parce que même la fin d'une histoire peut être un nouveau commencement.